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mardi 2 novembre 2010

54 - L'idée d'un futur tableau

Je me suis remis au travail dans mon atelier, l'occasion d'illustrer le dernier billet "Qu'avons-nous à raconter". Je vais profiter d'un futur tableau dont j'imagine un titre simple : Le poulailler, pour vous conter la conception d'un tableau.

C'est avec Michèle au printemps dernier, qui m'a consacré une matinée entière pour m'entraîner chez des voisins cultivateurs, qui avaient dans un coin, de vieilles carcasses susceptibles de m'intéresser, à leur grand étonnement d'ailleurs. C'est ainsi que j'ai découvert ce fourgon Citroën, séparé à jamais de sa cabine de pilotage, qui a servi, dans une deuxième vie, de remorque et qui depuis quelques années a entamé une dernière carrière d'abri pour les volailles.

LE SUJET
Contrairement à "La bergerie", dont la composition était centrée sur le véhicule ce qui, à mon avis et après coup, n'est pas la plus judicieuse, je voudrais réaliser un tableau beaucoup plus dynamique et pas uniquement basé sur l'ambiance du lieu et l'incongruité du sujet. Donc je vais sortir de son contexte ce poulailler pittoresque pour l'introduire dans un autre paysage plus ouvert.

Voici l'exemple d'un travail en atelier, avec une approche lente et tranquille qui permet une bonne réflexion sur le futur tableau et qui laisse vagabonder mon imagination. L'apport de la photographie, dans ce cas, est une aide précieuse et je fais appel à une véritable banque d'images, stockées sur mon ordinateur, pour trouver le lieu qui conviendrait le mieux à mon poulailler. Mais les photographies ne seront que de puissants aide-mémoire sans pour cela influencer l'idée de base de mon tableau. Mon ancien emploi dans la documentation industrielle m'a familiarisé avec les technologies modernes et le traitement de l'image numérique. Aujourd'hui, je me sers de cette expérience pour que cette technologie soit au service de mon expression artistique.

LA COMPOSITION
Je choisis un papier Pastel Card de 60 x 80 de chez Sennelier, avec l'idée de faire un tableau suffisamment grand pour que je puisse travailler la texture de mon poulailler Citroën que je trouve passionnante ainsi que sa couleur. Puis j'entame une recherche de composition en fonction de la position de mon ex-véhicule. En peinture tout est affaire de dualités à de juste équilibre. Premières dualités a évaluer, celles de la composition à savoir : haut / bas, gauche / droite, avant / arrière, grand / petit.


Comme j'ai choisi d'"ouvrir" mon paysage, j'aimerais inviter le spectateur à y voyager, en allant donc de droite à gauche. Une composition triangulaire s'impose que je vais souligner à l'aide d'une clôture qui suivra la perspective et la direction donnée par la position du fourgon. Puis je contrebalance cette direction par une ligne de poteaux électriques bordant une route ou un chemin pour ramener le spectateur vers le fond du paysage. Je vais y placer quelques habitations pour y attirer son regard. Pour le ciel, qui devra traduire la profondeur du paysage, je choisis de lui donner une forme triangulaire à peu près équivalente au premier plan, à la recherche du juste équilibre haut-bas et avant-arrière. Pour avancer mon premier plan et signaler la dernière fonction de mon ex-fourgon, je place quelques poules et j'en termine ainsi avec la dernière dualité grand-petit.

LES VALEURS
Une seule dualité mais tellement importante : foncé / clair, autrement dit ombre / lumière. C'est elle qui va faire naître l'ambiance du tableau et faire voyager le spectateur. La lumière est à gauche en contradiction avec l'orientation du fourgon.



L'ambiance sera relativement claire pour un sentiment d'énergie et d'ouverture, mon idée première. Les quelques plans sombres vont attirer le regard, comme l'ouverture du poulailler. Mon idée de départ est maintenant bien précise, j'ai une image de mon tableau achevé dans ma tête. Je vais pouvoir peindre.

ASTUCE
Je termine par une autre utilité, qui peut paraître étonnante, de l'appareil photographique. Je m'en sers pour me rendre compte de l'évolution de mon tableau. En effet, regarder son tableau dans la fenêtre du viseur en donne une autre dimension, un effet similaire à celui du miroir mais sans inversion de l'image. De plus, la technologie moderne permet d'afficher immédiatement l'image sur un écran et par ce biais je parviens à mieux analyser mon travail et à avoir le recul nécessaire, ce qui m'est plus difficile face à mon chevalet.


PS : Blogger a rajouté sous la vidéo, un bouton à droite avec 4 petites flèches qui en désignent les 4 coins. Si vous cliquez sur ce bouton, normalement, la vidéo s'affichera en plein écran.

8 commentaires:

  1. GENIAL et encore MERCI. Je vais me le passer et me le repasser pour bien enregistrer les étapes c'est un cours précieux.

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  2. Merci Jean-Charles pour tout ce que tu partages avec nous.

    Magali M.

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  3. Bonsoir Jean Charles,

    Quel boulot!!
    Merci pour ce post. C'est vraiment passionnant.
    Je comprends pourquoi, il n'y a pas vie dans mes tableaux, c'est qu'en fait, je ne me pose pas toutes ces questions?
    Je fais uniquement ce que je vois. Je n'ai pas cette démarche là lorsqu'un sujet me plait. Je pense que c'est comme tout, c'est une gymnastique à faire au quotidien et au fur et à mesure, cela devient une habitude. Tout comme le sportif qui fait ses échauffements avant d'entreprendre sa course!!
    Cependant quelles sont les bonnes questions à avoir tout de suite à l'esprit lorsque l'on entreprend un tableau?
    Très bonne soirée à toi et encore merci.

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  4. OUAAaa !! Je rêve d'en faire autant...Line

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  5. vive les poules!surtout celles aux oeufs d'or,les pouleillers!et ....les artistes!byzzigou

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  6. Merci pour la lecture !

    Merci pour l'agacement qu'elle a provoqué chez moi, sans parler de mon manque de souffle au fur et à mesure de la lecture.

    Pour lundi j'aimerais un ordinateur à côté de mon chevalet, un bon appareil photo, une voiture ou un camion BLEU, un café du chocolat et toi bien entendu. Avec tout ça peu être que je vais y arriver ...

    Blague à part, bravo ! Rien à dire, il me tarde de le voir en vrai ce pastel là !

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  7. y a même la bâche en plastique pour faire encore plus vrai!!...étonnant, bravo!

    merci de nous transmettre cette connaissance et partager ce plaisir!!

    A lundi

    Marie

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  8. Merci, Jean-Charles, pour ces explications qui vont nous permettre d'enrichir notre pratique au niveau de la composition; Chose bien difficile à élaborer en tant que débutant! Et je vais essayer de garder en mémoire lors de séances de pastel cette idée de dualité à tous les niveaux. Anne L

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