Translate

lundi 31 janvier 2011

64 - La gestation et le talent selon J.-P. Mérat

Le talent, c’est comme le génie, il faut avoir la patience de le couver pour le faire éclore. Aujourd'hui, tout le monde rêve de devenir artiste peintre, mais combien acceptent de faire les efforts nécessaires pour apprendre leur métier et de prendre le temps de couver leur talent ? N'ayant de l'art qu'une vue tout à fait superficielle, ils s'imaginent qu'il suffit d'avoir quelques notions techniques et de suivre son instinct pour réaliser une œuvre d’art. Brûlant les étapes, ils offrent au public des images décevantes par leur manque de savoir-faire et, hélas, sans aucune originalité.

En réalité le métier de peintre est plus complexe, la maîtrise technique du peintre, si belle soit-elle, ne suffit pas pour faire de lui un artiste, il doit en plus avoir quelque chose à nous faire partager. La qualité de la démarche d'un artiste dépend essentiellement de son ouverture d'esprit et de sa sensibilité. Sa curiosité envers les Êtres et les choses, ses réflexions sur les mystères de la vie, ses interrogations sur lui-même et sur ce qui l'entoure, transcendent ses œuvres. Elles sont le reflet de ses émotions, de ses doutes et de ses émerveillements, voire de ses révoltes. Couver son talent est un exercice de l'esprit, une méditation intérieure qui inspire à l'artiste un sujet qui lui tient à cœur, puis un temps de réflexion pour être certain qu'il en vaut la peine. Le temps de la réalisation d'une œuvre n'est qu'une petite partie du temps de la création et un aboutissement à toutes ces réflexions. Certes, une telle quête spirituelle exige de faire face à l'angoisse de la création et aux difficultés de faire passer un sentiment dans une œuvre picturale, mais c'est le prix à payer pour devenir un véritable artiste.

L'on objectera que ce discours relève de l'utopie, l'artiste étant obligé, comme chacun, de subsister. Nombreux sont ceux qui choisissent de se soumettre aux modes du moment et réalisent des œuvres qui ne sont que de simples objets décoratifs, pour un véritable artiste, c'est vendre son âme. Pourtant, les exemples ne manquent pas, de nombreux grands artistes ont su concilier les contingences matérielles et leurs aspirations spirituelles.

De nos jours, dans le désarroi que subit l'art, il est pénible de constater que peu de peintres ont reçu “ l'œuf du talent’’, ils n'ont rien à couver et n'accordent pas assez de temps à la gestation de leur travail. Ils ont rêvé de devenir artiste, mais étaient-ils réellement prédestinés pour en devenir un ?

Jean-Pierre Mérat

____________________

PS 1 : En attendant la future exposition du cycle du Fauteuil, j'ai accroché un échantillonnage des thèmes que j'ai abordés au pastel. Rien de neuf, des tableaux à revoir si le coeur vous en dit...


PS 2 : Mise à jour des Statistiques

1 commentaire:

  1. Bonsoir Jean-Charles,

    Et oui, nous sommes souvent emportés par notre plaisir de partager et souvent, on en oublie l'essentiel!!
    A chaque fois que je réalise un dessin, je suis déçue car justement, j'ai le sentiment qu'il lui manque une âme.
    Je sais que pour y arriver, cela demande beaucoup de travail, de méthode, de rigueur....
    Je voudrai inviter les lecteurs de ton blog à aller visiter les site de Guan Weixing afin qu'ils puissent découvrir des aquarelles pleines justement de cette Âme!!
    http://www.guanweixing.com/index.html
    Très bonne soirée à tous et merci à toi Jean-Charles de tes billets pleins de ces réflexions si juste.

    RépondreSupprimer