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lundi 16 mai 2011

76 - Epilogue au Fauteuil

Au niveau de mon humble petit blog, 19 commentaires sont une véritable avalanche. Je suis très honoré d'un tel succès. Le blog a joué un rôle non négligeable pendant la conception des tableaux et l'élaboration du vernissage. C'était comme un bouillonnement créatif qui avait besoin de s'exprimer tant sur le Pastel Card à l'aide des couleurs, qu'avec mon clavier et des mots qui me venaient à l'esprit. Je suis heureux que vous l'ayez vécu comme une aventure commune à laquelle je vous invitais.
Pendant le vernissage, au gré des conversations, certains m'ont questionné sur le sens de ma démarche ou sur le rapport que j'entretiens avec mes modèles. Difficile pour moi de l'expliquer réellement, jusqu'au moment où Nicole, une de mes élèves, m'a prêté le livre de Titouan Lamazou "Femmes du Monde". 
Tout ce que Lamazou raconte dans ce livre, je n'ai pas eu besoin de voyager autant que lui pour m'en apercevoir. Quelques reportages lus ou vus, quelques livres et l'observation du monde dans lequel nous vivons m'ont suffi pour me tourner définitivement vers l'univers féminin. Là où l'homme ne sait que jouer des coudes ou taper du poing sur la table pour affirmer son autorité, la femme joue de ruse et d'intelligence pour évoluer dans ce monde qui n'est pas fait pour elle.
Aquarelle extrait de "Femmes du Monde"
Ce désir d'explorer cet univers féminin, comme l'écrit si bien Lamazou : "... C'est une attirance vers l'inconnu. Je ne sais pas comment on s'y est pris dans nos sociétés, mais l'homme et la femme s'y retrouvent comme de parfaits étrangers lorsqu'ils parviennent au seuil de leur vie autonome".
Aquarelle extrait de "Femmes du Monde"
Lamazou se demande, mais moi j'en suis sûr en ce qui me concerne, si sa démarche artistique est un prétexte pour aborder le monde des femmes "... dont nous autres, blancs-becs, sommes culturellement et physiquement dissociés dès l'enfance".
Il faut lire le livre de Titouan Lamazou pour comprendre ce qui m'anime à révéler une certaine image de la femme, celle qu'elles veulent bien m'offrir, mais aussi comprendre ce qui me révolte. Voici un passage de son livre qui en dit long : ".... j'en suis aussi venu à révéler, au cours de mes rencontres (avec toutes ces femmes du monde entier dont il a fait le portrait - NDR) une vision de la société des hommes dont j'avais seulement conscience sans vraiment en mesurer la portée. Les grandes civilisations, en ce monde, possèdent au moins un point commun non concerté qui devrait les rapprocher : l'oppression de leurs femmes comme corollaire de la division de l'humanité en deux genres distincts, privilégiant le masculin au détriment du féminin. Excepté quelques microsociétés égalitaires ou matriarcales, volontiers qualifiées de primitives ou de "premières", voire de sauvages en d'autres temps." Que dire de plus ?

Fatima - Sanguine sur papier
Pour en revenir à ma démarche, l'aventure commence par la rencontre de deux êtres dont l'un est nu et l'autre pas. Dont l'un s'offre au regard de l'autre. L'art du nu est une sorte de kidnapping du peintre et un don du modèle. Une séance de poses est pour moi un moment unique, isolé et précieux ; un moment particulier qui me ramène aux fondamentaux de la vie et de la beauté. Un moment privilégié où je découvre l'univers féminin, la rencontre de l'AUTRE où se dévoile un monde intime souvent inaccessible au genre masculin.
Nu de dos, attitude N°2 - Sépia sur papier
Un moment que je dois garder en moi pour le transposer et le peindre avec délicatesse afin de l'offrir au regard d'une troisième personne, vous. L'identité du modèle se traduit aussi bien dans la manière d'habiter son corps que par les traits de son visage. Sa diversité, sa manière de se mouvoir, de vivre son corps, entraînent une découverte sans cesse renouvelée et stimulante. Le nu féminin raconte la beauté, ce sentiment universel et profondément humain.
Cécile - Pastel sur papier
C'est avec une citation de Titouan Lamazou que je vais conclure mon billet. " De fait, mon intérêt originellement tourné vers les femmes m'a amené aussi à observer "l'égarement" général de mes pairs. Les hommes finalement ne se sentent pas en mesure d'"assumer" le rôle de dominant qu'ils se sont assigné. Et cela d'autant moins en ce monde devenu de consommation où la misère, qui a remplacé l'honorable pauvreté, côtoie de près un luxe plutôt décomplexé. Il m'est apparu que cette frustration masculine engendre une perte de repères, dont les femmes sont souvent les principales victimes."
Titouan Lamazou au travail.

Et moi, dans mon petit atelier, au fin fond de la Dordogne, je peins la femme... Hymne à la vie.
Merci à Nicole pour m'avoir fait découvrir cet humaniste aux multiples talents.
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PS : Mon site perso a été mis à jour. Mes dernières créations sont venues l'enrichir. J'ai également rajouté un onglet "Presse" où s'affichent tous les articles parus à ce jour, en plus des onglets concernants mes expositions passées et à venir. C'est à CONSULTER ICI.

J'ai également modifié le site de l'Académie et le blog, pour rejoindre mon site perso, le lien s'appelle désormais "LA GALERIE DU PEINTRE".

Je vous mets un autre lien pour que vous fassiez connaissance avec l'écrivain public et l'ange gardien de ce blog, Nathalie Goffin-Gounou :  http://www.plumesetmail.fr/blog-ecrivains-publics/nathalie-goffin-gounou-ecrivain-public-de-la-semaine

Pour finir, je vous rappelle que les élèves de l'Académie Pictura sont invités, le samedi 4 juin, à exposer une de leurs œuvres à Mescoules (à 12 km de Bergerac, sur la route de Marmande). Prévoyez vos encadrements s'il y a besoin ! Pour rappel, l'expo de l'année dernière c'est À VOIR ICI.

5 commentaires:

  1. Ce dernier billet est l'épilogue que l'on pouvait souhaiter, évidemment.
    Il vient télescoper une actualité un peu chaude, si je puis dire. Le pouvoir et ses possibles abus dont là encore les femmes peuvent en payer les conséquences.
    Qu'il est doux votre univers, monsieur le peintre.

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  2. Quel plaisir de te lire Jean-Charles

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  3. Belle référence, rien à ajouter.

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  4. Isabelle de Marseille16 mai 2011 à 22:32

    Et voilà, comme une révélation. Je comprends le sens, la démarche et ce respect de l'AUTRE, c'est à dire de nous, les femmes.
    Je me demande souvent, en regardant vos tableaux, quel doit être le regard que pose l'artiste sur ce corps nu. Aujourd'hui j'en perçois le respect. Seules vos modèles pourraient en parler sûrement. Etrange expérience sans doute, unique certainement.
    Aussi bien Titouan Lamazou que vous-même, continuez à poser ce regard bienveillant sur nous et à nous immortaliser sur vos papiers magnifiques.
    ... J'ai tous les livres de Titouan.

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  5. Un grand merci pour ton hommage aux femmes, nous sommes toutes “des déesses” comme le chante Ismaël Lô

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