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lundi 25 novembre 2013

152 - Une fin de démo


Toujours pas envie de me confronter à mon blocage sur le portrait en cours. Alors, en fouillant dans mes cartons, je me suis rendu compte que j'avais un pastel en cours. Une démonstration que j'avais démarrée à Couze et que j'avais poursuivi à Lalinde.
C'est une vitrine d'Issigeac où des nounours en peluche trônaient sur des piles de tissus, entre des vaisselles style déco à l'ancienne. C'est le reflet qui m'intéressait, ce mélange entre l'ambiance de l'intérieur du magasin et celle de la rue avec ses passants.

C'est un thème que je développerai sans doute dans l'avenir.


lundi 18 novembre 2013

151 - Paillette

Je peins rarement pour moi, mais cette fois c'est le cas. Je vais peindre ma chatte, Paillette. Pour cette occasion, je vais vous présenter celle qui n'a jamais eu les honneurs du blog, car Paillette ne rentre que très rarement dans mon atelier. Ici, c'est le territoire de Styx. À vrai dire, c'est nous qui vivons chez Paillette, car elle était déjà là à notre arrivée. Un peu sauvage au début, elle a fini par accepter les nouveaux arrivants que nous étions et surtout les croquettes et autres aliments que nous lui avons offerts.

Pour commencer, je démarre d'un dessin simple sans y rajouter de valeurs, pour une fois et je colore tout de suite le fond afin de pouvoir exécuter les détails du pelage par-dessus ce fond.

Paillette est grise et blanche et offre dans sa robe une étrange symétrie, qui la rend vraiment reconnaissable. Pour la partie foncée je sélectionne trois tons de gris, clair, moyen et foncé. Et je vais commencer à colorer son pelage. Ici, point d'estompe, ni du doigt, ni à l'aide des crayons. Mon support est un Pastel Card de chez Sennelier et, tout comme le paysage, l'effet du pelage est pratiquement immédiat. 

Il faut passer le pastel comme si vous caressiez l'animal. Tout en travaillant, je prend garde de ne pas surcharger le papier, car je vais devoir revenir sur ce travail et y apporter de nombreuses nuances que je commence à analyser, comme les bruns et les roux qui nuancent sa robe grise. Après avoir terminé la tête, de la même manière je vais aborder toute la partie grise de son corps.

Mais très vite, je me rends compte que ma première sélection ne correspond pas véritablement aux nuances de son corps. J'étalonne alors ma palette et y ajoute des bruns. J'utilise des pastels Girault, ils sont vraiment extraordinaires pour le rendu du pelage. 

Une fois les parties foncées terminées, je commence la partie blanche du pelage. Mais attention, le blanc n'est jamais blanc ! C'est volontairement que j'écarte de ma palette tous pastels blancs. Je vais disséquer la couleur et en extraire les teintes qui colorent ces parties claires. Les violets, les roses, les bleus, les gris.
Il faut garder à l'esprit que je suis en train d'exécuter la couleur de fond et que c'est par-dessus ces teintes que je vais pouvoir travailler les détails du pelage.

Il faut toujours exagérer un peu ce que l'on voit et ne pas trop s'inquiéter de l'aspect "bariolé" que va prendre notre tableau.

Une fois mon sujet entièrement mis en couleurs, j'éprouve le besoin de lui préciser le regard. L'iris des chats est un chatoiement de couleurs. 

Puis je prends du recul et observe le travail en cours. Paillette est là, sur le papier, attendant que je la rende plus nette, plus précise, plus vivante.


Je reprends mon labeur en commençant par la tête. Là encore, c'est une histoire de ressemblance, mais le challenge me paraît beaucoup moins grand que pour un personnage. C'est l'esprit serein que je saisis mes pastels. C'est un travail de texture qui va commencer. Pour ce faire, je sélectionne des pastels plus durs que les Girault (Rembrandt et Faber-Castell). Je vais travailler avec la tranche de mes craies pour simuler le pelage. C'est un travail que je connais bien, en effet, le pelage, c'est du poil, tout comme nos cheveux et mes modèles ne sont pas chauves, Dieu merci.

Par petites touches, je fonce ou j'éclaircis et surtout je n'oublie pas, de temps en temps, à prendre du recul et à regarder l'ensemble de mon travail, car les détails du pelage ne doivent pas me faire oublier le volume de l'animal.

J'ai presque fini la tête et je suis satisfait, c'est bien ma Paillette. J'entame son corps. Je termine par la queue que les chats enroulent autour d'eux, quand ils sont assis, avec une infinie grâce. Je reviens sur la tête, peaufine son regard et enfin y ajoute les sourcils et la moustache.

Voilà, vous venez de faire connaissance avec mon second chat. Si Styx Squatte régulièrement mon atelier, c'est Paillette qui est la première à prendre place sur mon chevalet.

Résumé filmé

mardi 12 novembre 2013

150 - Ca patine

Sans doute avez-vous jugé que mes craintes n'étaient pas fondées. Sans doute, à la vue du résultat, vous avez pensé que je m'inquiétais pour rien et que, comme je le dis à mes élèves, le dessin et la peinture, c'est comme le vélo ou la natation, cela ne se perd jamais et que l'on éprouve que l'appréhension de s'y remettre. Mais, parce qu'il y a un mais, ce n'est pas si simple que ça. Et là, face à ma deuxième commande, un portrait encore une fois, et bien ça patine. Tout est là, le dessin est juste, les valeurs sont là, les couleurs aussi et ce n'est pas elle. Pourtant, c'est quelqu'un que je connais bien, que j'apprécie énormément et c'est là justement que ça coince. Je ne la retrouve pas sur mon tableau.


À vrai dire, pour le pastel précédent, seuls les commanditaires pourront être juge de la véritable ressemblance, car je ne connais pas leurs petites filles et ce n'est pas moi qui ai pris les photographies qui ont servi de support. Il en va tout autrement avec cette nouvelle commande. Je connais parfaitement le modèle et je travaille d'après mes propres clichés. Rien n'est vraiment simple.


L'une des solutions est de remettre l'ouvrage à plus tard et de laisser la main s'en aller sur un sujet plus léger. Car souvenez-vous, dans la conclusion du livre "Le nu au pastel sec", j'écris : "il vous faut travailler régulièrement et le plus souvent possible, comme si vous pratiquiez un sport, c'en est un". C'est pourquoi je vais appliquer à moi-même mes bons conseils et par là entamer un pas-à-pas en abordant un nouveau sujet, l'animalier.

lundi 4 novembre 2013

149 - Le peintre renaît.

Il a fallu m'y remettre...


J'ai choisi ma palette pour commencer par le fond. Ce fond foisonnant, cette végétation luxuriante. Il me fallait commencer par cette ambiance qui ne demande guère de précision dans le dessin et qui offre une singulière liberté dans le maniement des pastels. Il me fallait ça pour m'y remettre doucement.


Les tâches se sont succédé, superposées. Puis le dessin de ces feuilles de palmier de couleurs différentes. Peu à peu, mes doigts ont retrouvé ce toucher avec le Pastel Card, cette étrange sensation qui me fait penser que ce papier est la surface la plus agréable à ma peau pour y faire naître ma peinture. Le pastel est une affaire de sensualité, complicité tactile entre nos doigts et le support. De voir la végétation prendre naissance sur ce papier m'a rassuré, réconforté, encouragé. 


Je me suis ensuite attaqué aux drapés avec une inquiétude apaisée. Tranquillement j'ai analysé les valeurs de chaque pli, les nuances des couleurs. Petit à petit j'ai retrouvé le geste acquis après tant et tant d'années. Celui que l'on craint toujours de perdre, ce bien le plus précieux qui soit.


Peu à peu, la main devient indépendante laissant l'esprit peindre le prochain cm² et élaborer sa future stratégie pour aborder la peau, les visages. Le peintre renaît.

J'ai retrouvé mes marques, mes habitudes et ce cheminement si particulier de l'esprit créatif. Après avoir baigné mon atelier dans une ambiance musicale, j'ai finit de nouveau par avoir envie de me plonger dans une autre ambiance avant d'aborder la carnation. Alors j'ai choisi un livre audio, "La vérité sur l'affaire Harry Quebert" de J. Dicker, c'est ainsi que je vais terminer ce premier tableau. 


À la chaleur de l'atelier, le peintre revit.

Pourquoi avoir si peur avant de se remettre à l'ouvrage ? Et pourtant, comme à chaque fois, je sais désormais que j'irai sans doute encore un peu plus loin. Ces deux portraits sont les plus petits que je n'ai jamais faits. 

Le moindre demi-millimètre peut changer la physionomie. Le challenge de la ressemblance, à cette taille, est un vrai défi pour moi. Loupes rivées aux yeux et pointes de crayons pastel  et des craies finement taillées, la peinture  prend forme, mm² par mm².


Déjà, mon esprit vogue vers mes prochaines réalisations, les prochaines commandes. 
Le peintre renaît.