C'est un billet qui répond à celui de Diane sur son blog "Zone de confort et zone d'apprentissage". Depuis notre rencontre, à Paris, et grâce à sa présence sur le net, je suis avec attention son parcours. J'étais content de la revoir l'été dernier et depuis je suis l'heureux possesseur d'une de ses toiles. Diane a un parcours qui me rappelle le mien, même si nous n'avons pas du tout la même démarche artistique, nous avons en commun un certain état d'esprit. Et je souris en découvrant ses questionnements qui m'ont harcelé et me harcèleront encore longtemps.
Photo extraite du billet de Diane, sur son blog. |
Au début, quand je me suis installé à Bergerac, je ne savais pas quoi peindre. J'étais encore imprégné de mon univers de graphiste baigné dans celui des sports mécaniques. Les oubliés (dans la nature), vieilles carrosseries rouillées m'ont servi de trait d'union, de passerelle. J'y ai appris à manier le pastel pour y reproduire une nature qui graphiquement m'était étrangère.
Les cours m'ont beaucoup appris et nombre d'élèves m'ont souvent surpris. Aussi et enfin les nombreux stages que j'ai faits (et non animés) auprès de grand(e)s pastellistes où j'ai découvert tout un tas de techniques différentes et parfois contradictoires. Ces apprentissages m'ont parfois égaré, brouillé mes intentions.
Notre point commun, Diane et moi, c'est notre rapport aux autres et d'être conscient que sans eux, on n'est rien, sans pour cela tout y sacrifier, bien au contraire. Parmis la grande famille des peintres, je crois pouvoir dire que nous vivons notre art différemment de la grande majorité, et l'une des choses qui nous différencie, c'est notre joie à transmettre. C'est sans doute pourquoi nous peignons l'humain.
Le grand turban violet Diane Rousseau |
Sous les affiches Jean-Charles Peyrouny |
Elle écrit : "La seule vérité qui existe est la sienne (pour soi)… la tienne (pour toi)… la mienne (pour moi)." Et je l'ai expérimenté à bien des égards. À sa question, " Et vous ? Quelle est votre zone préférée ?" À propos de SA zone de confort qu'elle a abandonné, je répondrai que, en ce qui me concerne, les deux ne sont pas incompatibles. Le tout est de ne pas se satisfaire de ce que l'on fait. Mon attitude est radicalement opposée à celle de Diane. Je suis un besogneux, quelqu'un qui a besoin d'empiler les esquisses, les sanguines, les pastels. La force du travail toujours mieux fait est l'amélioration presque inconsciente de cette technique. Technique qui une fois mieux maîtrisée permet d'atteindre des subtilités jusque-là inatteignables. Mais c'est comme un couloir sans fin avec des portes tous les dix mètres. Dès que l'on a ouvert une porte, on s'aperçoit que dix mètres plus loin il y en a encore une à ouvrir. Le but est de ne jamais s'arrêter d'avancer. Or, pour ce faire, j'ai besoin de ma zone de confort et de continuer ce même couloir, plutôt que d'en emprunter un nouveau. Diane est une curieuse, elle a soif de savoir. Je suis un perfectionniste, j'ai envie de tout savoir sur un même sujet tout en sachant que je ne saurai jamais tout.
Je me suis risqué à d'autres techniques, à d'autres sujets jusqu'à y perdre mon latin. Je suis revenu à ce que j'ai envie de faire, c'est-à-dire peindre la femme à ma manière et explorer tout ce que recèle le pastel. En fait, il n'y a qu'une question que l'on doit réellement se poser : est-on satisfait de son travail ? De sa production ? Si la réponse est non, peu importe le moyen, seul compte la quête, peu importe la destination, seul compte le voyage.
Je me suis aussi engagé à défendre ce médium tant décrié qu'est le pastel, par l'intéligeancia de l'ART avec un grand A. C'est ainsi que je participe volontiers à tous ces salons qui fleurissent aux quatre coins de notre pays. Que je mets ma plume au service de quelques médias pour telle démonstration ou autres pas-à-pas. Ou bien que j'apporte ma modeste contribution au Festival des Bastides, réservés aux amateurs (seul l'invité d'honneur est professionnel), pour les encourager à continuer de peindre au pastel et qui sait, à participer à d'autres festivals (n'est-ce pas Annie, Viviane, Huguette ?). L'existance du blog est le témoin de ma passion. Je ne suis pas encore prêt à échanger mes bouts de craies contre quelques manches de pinceaux.